lundi 26 décembre 2011

Elle pleurait...

Juste trouver les mots
C'est rien ou peu de chose
Du vent dans les rameaux
D'une vie d'ecchymoses

Juste les mots qu'il faut
Pour m'empêcher l'horreur
De porter sur le dos
Le poids de son erreur

Pour laisser à la place
De son regard humide
Tous les mots de l'atlas
Hors celui de "suicide"


Brest, le 25 décembre 2011

lundi 12 décembre 2011

Afghanistan, décembre 2011

Soixante seize corps
A l'ombre des drapeaux
Cimetière tricolore
La patrie à bon dos

Soixante seize vies
Fauchées au champ d'horreur
Laissant familles, amis
Se noyer sous les pleurs

Soixante seize morts
Le dégoût, la colère...
Combien de cris encore
Pour que cesse la guerre?


Brest le 12 décembre 2011

vendredi 9 décembre 2011

Je me suis endormi

Je me suis endormi mais mes yeux grands ouverts
M'imposent l'horizon d'un souvenir enfui
Dont le parfum surgit au plus fort de l'hivers
Pour sonner l'oraison funèbre d'une nuit
 
Je me suis endormi sans espoir de repos
La flamme qui vacille continue d'éclairer
L'exténuante envie de goûter à la peau
Et brûler aux pupilles d'un amour enterré
 
Je me suis endormi comme l'ombre qu'effleure
Le silence pesant d'un instant éternel
Surprenant l'insomnie au beau milieu des pleurs
Faisant battre mon sang aux murs de mes prunelles
 
Je me suis endormi d'un sommeil sans rève
Prisonnier en sursit d'un coeur encore en grève


Brest, le 11 décembre 2011


jeudi 1 décembre 2011

Le soir était venu

le soir était venu dans son manteau de nuit
Arrachant à la vie d'un jour décomposé
Un peu de sa chaleur et presque tous ses bruits
Pour laisser au mensonge le temps de se poser

Le soir était venu mais il n'était pas seul
Il avait son cortège de pensées et de pleurs
En avance, il couvrait d'un éclatant linceul
Les sentiments brisés, les erzats de bonheur

Le soir était venu, presque sans prévenir
Pesant d'un poids immense sur les épaules frèles
D'un espoir étourdi à grands coups d'ires réelles

Le soir était venu peu avant de mourir
Sur les dunes désolées d'un désert fidèle
Aux mirages agaçants d'être si iréels


Brest, le 1er décembre 2011

lundi 28 novembre 2011

Téléréalité

J'ai voulu, comme Icare
M'approcher du soleil
Devenir une star
Briller sous d'autres ciels

Mais brûlé aux lumières
Des feux télévisuels
J'ai fini en poussière
Même pas résiduelle


Brest, le 28 novembre 2011

samedi 29 octobre 2011

Apostrophes silencieuses

Silencieux dards d'art
Plantés profondément
Dans l'eau claire des regards
Des flaneurs innocents

Nuances métamorphes
Qui emplissent le vide
De vives apostrophes
Aux esprits invalides

Les couleurs rugissantes
Enflamment ce qui reste
Au fond des rues gisantes
Des sombres murs de Brest

Sous le spray, le message
D'une génération
Pour qui le mot "partage"
Est sans gêne ni ration


Brest, le 29 octobre 2011

dimanche 18 septembre 2011

Siège

Je te raconterai ces jours qui me ravissent
Et ces nuits lumineuses de lueurs scintillantes
Les corolles de regrets qui chaque fois fleurissent
Quand mes amours heureuses se font étoiles filantes

Je te dirai mon mal de n'être plus le jouet
De ces regards brûlants sur mes heures vagabondes
Mes pensées animales attisées par le fouet
Du souvenir cuisant de leurs brèves secondes

Je t'avouerai enfin ton bonheur qui me hante
Chaque fois qu'un regard me crève ou me percute
M'entraînant au matin dans une valse lente
A prendre le départ d'une nouvelle chute

Et si l'heure s'y prête si les mots me reviennent
Je t'avouerai l'amour que j'avais dans le coeur
Avant qu'il ne s'arrête et que je ne devienne
Que l'ombre de la tour qu'abritât mon bonheur


Brest le 19 septembre 2011

dimanche 4 septembre 2011

c = 299 792 458 m/s

Météorite éclatée
Sur le fil d'un instant
Que le temps dilaté
A rendu persistant

Lumière qui s'achève
Dans le trou noir béant
De mes semblants de rêves
Accrochés au néant

Etoile presque éteinte
Sur l'écheveau céleste
Brûlant d'amour défuntes
Et de regrets funestes

Soleil qui se consume
Envahissant le ciel
D'un feu qui ne s'allume
Que d'ombres artificielles

Et la nuit se repaît
Des songes qui se terrent
Dans les vides épais
Des noirs planétaires

Et demain j'imagine
Mon réveil soudain
Au "clic" de la mine
De ton triste dédain


Brest, le 04 septembre 2011

mardi 23 août 2011

Les jardins d'enfants

Promenade du dimanche
Papa pousse la poussette
Quand maman, elle, se penche
Sur le grand en trottinette

Ils croisent sur leur chemin
Un père aux deux mains prises
Conscient que dès demain
Ses journées seront grises

Quinze jours à attendre
Pour goûter aux câlins
Aux petits gestes tendres
Juste pour deux matins

La moitié des vacances
Plus un week-end sur deux
Avec un peu de chance
Quelques jours de mieux

Alors il s'y accroche
A ces deux mains menues
Plus fort lorsque s'approchent
Ces jours qu'il ne compte plus

Ces jours où il évite minutieusement
Les cours des écoles et les jardins d'enfants


Brest, le 23 août 2011

samedi 20 août 2011

Les paroles silencieuses

Butineur buriné
Par les nombreux soleils
Les vents et les marées
Qui me tiennent en éveil
Je me puise et m'épuise
Dans les contre-courants
Sans que ne s'amenuisent
Mes désirs dévorants

Excitante inquiétude
Quand s'approche l'instant
Du sourire en prélude
Aux baisers persistants
Quand aux lumières du soir
Les corps se resserrent
Excuse prémonitoire
Aux frôlements de chairs

Puis le coeur qui s'affole
Quand s'entrouvre la bouche
Feu offert en corolle
Aux lèvres qui se touchent
Les mains qui se découvrent
En caresses soyeuses
Et qui bientôt se couvrent
De paroles silencieuses

Alors la nuit entière
Ouvre aux corps impatients
Les brûlantes frontières
De ses jeux innocents

Et le soleil surpris
De ne pas éveiller
Les amants endormis
Décline, émerveillé

Brest, le 20 août 2011

lundi 15 août 2011

Ces cités aveugles

Effervescence de rue
Une forme se dessine
Et sous les bombes explose
Un visage qu'illuminent
Les couleurs qui se posent
Sur le gris disparu

Nocturne fièvre urbaine
En quelques gestes vifs
L'éphémère impose
Ses crimes inoffensifs
Dans la métempsychose
Des murs mis en scène

Dans ces cités aveugles
Les regards renaissent
La rue devient musée
Chroniqueuse, poétesse
Laissant les âmes usées
Jouer les fines gueules

Brest, le 15 août 2011

dimanche 17 juillet 2011

Indiscrétions

Les amoureux discrets des petits matins blêmes
Blottis au fond du bar devant leurs cafés crèmes
Se parlent sans un mot et en toute insouciance
Oubliant dans leur poche le poids de leurs alliances


Brest le 17 juillet 2011

lundi 11 juillet 2011

"Même les mouettes en rigolent"

Combien de signes encore faut-il que j'interprète
Pour voir que les invites sont beaucoup moins discrètes?
Et sous quels océans -immenses!- serais-je ensevelit
Quand l'amour, en silence, se glissera dans ce lit?

Licencieuses sirènes qui enflammez mes sens
Faîtes taire vos chants si troublants d'indécence
Et laissez à me rêves s'accrocher des sourires
Autres que ceux, changeants, qui damnent mes désirs

N'animez plus ce feu à vos moindres passages
Que je goûte un peu, de la paix, le breuvage:
Ne me laissez plus croire au bruit de mes paroles

Car à trop m'écorcher au silence de vos choeurs
A trop vouloir saigner et faire battre mon coeur
Hélas je le sais : même les mouettes en rigolent!


Brest le 11 juillet 2011

mardi 5 juillet 2011

Jeux d'artifices

J'ai oublié de t'embrasser
Dernière pierre à l'édifice
Des rêves et désirs harassés
Par tes lueurs tentatrices

J'ai oublié de t'enlacer
Précipitant au précipice
Mes espoirs, à la longue lassés
De tes petits jeux d'artifices

J'ai oublié de succomber
Aux étincelles de malice
Que ton regard laisse tomber
En promesse de doux supplices

J'ai oublié, oublié de souffrir
En ne goûtant pas les délices
Que me promettait ton sourire
Aux frissonnements des prémices

Brest le 5 juillet 2011

lundi 20 juin 2011

Empreintes

Comme une brèche
Dans un mur
Une larme sèche
Sur ma figure

Comme une faille
Dans mon armure
Une muraille
Qui se fissure

Comme une image
Qui s'efface
Triste message
Du temps qui passe

Comme enfin tant de ces blessures
Que les années guérissent
De la douleur bientôt ne dure
Qu'une légère cicatrice


Brest le 20 juin 2011

jeudi 2 juin 2011

Jeudi et Dimanche

Anniversaires à ne verser que des vers d'hivers
Sur l'autel fissuré des rêves d'avenirs
Mois de mai émiettés de tendres souvenirs
Aux morts prématurées et remords divers

Des dates détournées du doux cours de l'oubli
S'en viennent déposer des fleurs de silence
Sur les longs lendemains d'écrasantes souffrances
Que l'on imaginait à jamais établies

Endormi dans les bras d'un présent dépassé
Attendant au matin ces peines ressassées
J'inaugure les verrous que le temps a bâtit

Et puis le soir venu quand les fleurs ont fané
Recouvert de pétales d'amnésie les années
Je souris tendrement aux rêves anéantis


Brest, le 2 juin 2011

mardi 24 mai 2011

Presque

Sourire presque perdu
Sous un ciel voilé
De nuages tordus
Aux larmes étoilées

Regard presque abyssal
En perte d'essentiel
Cherchant le sourire sale
De son sombre soleil

Corps presque à l'abandon
Cheminant l'univers
Des roses et des chardons
Aux coeurs à peine ouverts

Tristesse presque feinte
Mais détresse assumée
Souvenirs d'absinthes
Et de nuits bitumées

Et demain presque morte
Une aiguille à son bras
Crevant devant la porte
En compagnie des rats.

Brest le 24 mai 2011

jeudi 19 mai 2011

Si proches et si distants

On ne connaît la solitude
Qu'au milieu de la foule
Quand sa masse vous élude
Et que le temps s'écoule
Quand dans la multitude
On saisit cet instant
D'inquiétante quiétude
A se sentir absent

Si proches et si distants

Noyés dans ce magma
De bref face-à-face
Conscients que pas à pas
Le vide nous remplace
Jusqu'à nous rendre sourds
Jusqu'à nous rendre aveugles
Aux gens qui, tout autour
Ne vivent que s'ils beuglent

Silencieux et bruyants

Etrange sensation
N'être que transparence
N'être qu'une impression
Au coeur de l'affluence
Et si vite oublié
Des regards circulaires
Qui vous ont habillé
D'un voile d'éphémère

Perdus dans ce désert
Du monde qui nous entoure
Figés dans le silence
D'un temps d'éternité
Respirant le même air
Pendant ce court séjour
Nous n'offrons en pitance
Que bribes d'identité


Brest le 19 mai 2011

dimanche 15 mai 2011

Regards

Nos regards se croisent
Evaluation furtive
Dans une nuit d'Iroise
De coeurs en dérive

Persistance rétinienne
Tes yeux sur moi posés
A travers les persiennes
De rêves sclérosés

Tes prunelles brûlantes
Incendient ma mémoire
Sombres et troublantes
Caresses crématoires

Battement de paupières
Pour calmer ceux du coeur
Et fermer tes frontières
Aux feux de mes ardeurs


Brest le 15 mai 2011

dimanche 8 mai 2011

Prends garde!

Prends garde à cet amour
Que tu crois voir au coeur
De mon coeur, mon amour
Car l'amour vit et meurt

Prends garde en sa demeure
Car ses murs vacillent
Aux premières lueurs
D'un quotidien tranquille

Prends garde à sa douceur
Elle cache son inconstance
Sa mélancolie, ses peurs
Et ses sourdes turbulences

Prends garde mais n'aies pas peur
Des regrets seraient pires:
Qui ne fait pas d'erreurs
Ignore qu'il respire

 
Brest, le 6 mai 2011

mardi 26 avril 2011

De l'encre aux bouts des doigts

Encore de l'encre aux bouts des doigts
Pages ou bouts de papier noircis
Capharnaüm qui déploie
Sur mes douleurs, ses éclaircies

Étranges sons des sentiments
Que le silence de l'écriture
Car le moment où le mot ment
En résonance, n'a que rature

Prémonitoires empathies
Les mots me quittent et s'évaporent
En des charniers de ressentis
Et qui  -hélas! - brûlent encore

Les quelques mots au goût de sel
Coulent le long des feuilles blanches
Cèdent aux suppliques de mes appels
De goutte à goutte en avalanche

Et au bout de ma plume
Dès que les vers sont consommés
L'ivresse qui me consume
Finit enfin par m'assommer


Brest le 26 avril 2011

dimanche 24 avril 2011

Le ruisseau

Vidé, brûlé, déchiré, en morceaux
Parcelle d'espoir défrichée à la herse
Remord flottant à l'onde du ruisseau
Qu'un silence même, parfois bouleverse

Rumeurs de douleurs en surface
Trop longtemps reposées en son lit
Grandissent, éclatent et enfin cassent
Le cours tranquille de l'oubli

Des profondeurs des turbulences
Remontent doutes en tourbillons
Troublent la feinte transparence
D'eaux où domine le vermillon

Car sur la rive où saigne encore
L'éclat de tes yeux refermés
Cette fleur qui vient d'éclore
Par d'autres eaux est irriguée


Brest le 24 avril 2011

dimanche 10 avril 2011

Fleurs d'automne

Offert comme une pierre
Précieuse
Voici mon coeur

Sa paix n'est pas entière:
Pleureuses
Sont ses humeurs

Il a perdu de ses couleurs
Heureuses
Mais je te donne

Pour quelques heures
Fiévreuses
Ses fleurs d'automne


Brest le 10 avril 2011

mercredi 6 avril 2011

Barbara

La nuit descend doucement et vient caresser Brest
Des lumières endormies de ses néons célestes

Le silence envahit paisiblement ses rues
Enveloppe le port, ses bateaux et ses grues

Aux pieds de ses murs gris, les béantes blessures
Saignent de la promesse d'une ville future

Seuls, à cette heure, dans les rues déambulent
Témoins de cette renaissance, les errants noctambules

Mais Barbara n'est plus, hélas! et ne pourra pas voir
Cette ville brisée renaître à l'espoir


Brest, le 6 avril 2011

samedi 2 avril 2011

"Démocrassie"

C'est une flamme infâme
Aux couleurs cocardières
Effrayant pictogramme
D'idéaux incendiaires

C'est une peste brune
Qui ravage et détruit
Sur des terres opportunes
Ce dont elle est le fruit

C'est un rat malfaisant
Qui ronge dans les coeurs
L'idéal apaisant
Pour qu'y grandisse la peur

C'est une vague malsaine
Dans les urnes grandissante
Déferlante de haine
Lame de fond terrifiante

C'est la nuit qui étend
Sur une pauvre France
Son règne révoltant
Et lourd d'intolérance


Brest le 2 avril 2011

mercredi 23 mars 2011

Vingt-quatre heures

Viendra le jour où mes certitudes s'effondreront
Et le mur, enfin vierge de mes peurs
M'invitera à le gravir

Viendra le soir où mes habitudes cesseront
Et ton corps, brûlant de fièvre et de chaleur
Consumera tous mes désirs

Viendra la nuit où nos solitudes se mêleront
Et nos souffles, épuisés de bonheur
S'éteindront dans un soupir

Viendra le matin où nos lassitudes s'endormiront
Et la félicité, dépoussiérant nos coeurs
Laissera l'horizon s'y blottir


Brest le 23 mars 2011

lundi 21 mars 2011

Je veux

Je veux juste que l'on m'aime
Même pour un soir, pas plus longtemps
Longtemps pose toujours problème:
Blémissent les heures au fil du temps

Je veux des caresses sans promesses
Messes sincères mais éphémères
Mères de trop grandes détresses
Tressées de longs sanglots amers

Je veux des nuits sans lendemains
Deux mains à serrer dans les miennes
Ni haine ni colère au matin
Mâtin, mâtine, en guise d'adieu, s'étreignent

Brest le 21 mars 2011

jeudi 17 mars 2011

Le cadeau

Elle a cette façon de ne jamais me plaindre
Et d'entendre même ce que je ne dis pas
Je peux parler ou bien me taire sans craindre
Qu'elle ne vienne juger chacun de mes faux pas

Pas de distance malgré les kilomètres
Et si peu de silence sur si peu de secrets
Pas un mot que je ne puisse omettre
Un regard seul suffit, même le plus discret

Elle est témoin de toutes mes inquiétudes
Et s'inquiète de mes solitudes
Présente dans mes moindres absences
Elle est le doux refuge de mes itinérances

Ce n'est pas une amie tant elle est davantage
A force de tant d'années et de tant de partage
La vie m'a fait cadeau d'une si belle personne
Qu'aujourd'hui encore, cette chance m'étonne

J'aimerais tant lui rendre la chaleur qu'elle m'apporte
Qu'elle entende, comme moi, le refrain
Que compose le plaisir qui m'emporte
D'avoir mis l'amitié dans son plus bel écrin


Brest le 17 mars 2011

samedi 5 mars 2011

N'oublie pas de ne pas m'oublier

N'oublie pas de ne pas m'oublier
Qu'il reste au moins le souvenir :
Quoi de plus triste que de mourir
Comme les grains d'un sablier?

Je veux rester comme un vertige
Comme une larme au coin de l'oeil
Comme un sourire qui se fige
Pour t'empécher de faire ton deuil

Je te veux tout à moi
Pour la paix de mon âme
Et ternir les émois
Que t'apportent d'autres femmes

Je veux que ton futur
Ne puisse pas survivre
A cette maudite torture
Que, toi,  tu me fais vivre

Je tuerais tes heures sereines
Qu'aucun repos ne te soulage
Pour qu'un beau jour tu me reviennes
Et que je te dise :" Dégage!"


Brest le 5 mars 2011

mardi 1 mars 2011

Coeur philosophal

Est-ce chimère d'alchimiste
Lorsque j'espère, fou optimiste
Qu'en fleur d'amour le chagrin
Se changera sous la rafale
D'être cueilli un beau matin
Par un coeur philosophal?

J'en ai couvert de larmes
De ces coeurs visités
Croyant briser le charme
De ma sinuosité
Sortilège cruel
Maladresse d'une fée
Souvenir perpétuel
A mon âme greffé

Au fond de mes grimoires
Quelques incantations
Écrites à l'encre noire
Contre-malédictions
De ces nuits silencieuses
Qui font le quotidien
Et les heures soucieuses
D'un pauvre magicien


Brest, le 1er mars 2011

lundi 21 février 2011

Le silence en écho

Faut-il entendre la réponse ou l'absence
Dans l'absence de réponse?
Et quels sont les pires coups de semonces
Que l'écho infini de ses sons de silence?

Ces mots que l'on prononce
Seulement du regard
Sont des lames qui s'enfoncent
Plus loin que les poignards

Comme ces larmes muettes
Ces sourires préférés
Silencieuses silhouettes
De phrases vociférées

Seulement ce vide immense
Que l'on ne peut combler
Pas même une sentence
Que l'on puisse accabler

A défaut de point final
Trois points de suspension
Ponctuation fatale
Qui pose tant de questions


Brest le 21 février 2011

mardi 15 février 2011

Quand la nuit s'achève

La pulpe de mes doigts sur le grain de ta peau
Mes paumes offertes au plaisir de ton corps
Mes yeux qui te parcourent sans trêve ni repos
Mes lèvres qui savourent la liqueur de tes pores

Dans ces nuits hors du temps subsistent les repères
Des limites franchies peu à peu, en douceur
Les paroles ne sont plus nécessaires
Pour atteindre le refrain de nos corps en choeur

Et nos conversations de silencieux soupirs
S'éteignent doucement quand s'éteint le désir
Nous laissant dans la nuit souriants et enlassés

Le soleil est haut quand notre nuit s'achève
La réalité détruit bientôt le rêve:
Tout, hélas, n'était que souvenirs ressassés


Brest le 15 février 2011

Poésie

Je suis ta cicatrice
Ton tatoo douloureux
Qui ouvre des précipices
Dès que s'y posent tes yeux

Je suis le parfum de l'absence
Qui envahit tes insomnies
Délivrant mes fragrances
Pour ne pas que tu m'oublies

Je suis ton mal nécessaire
Qui t'autorise à tant souffrir
Qui te permet d'être sincère
Dans tes larmes et dans tes rires

Je suis ton encre noire
Qui déverse ses flots
Pour noyer ta mémoire
Sous de nouvelles eaux

Je suis ta poésie
Douloureuse et fidèle
Mais qui anesthésie
Tes peines les plus cruelles

Je suis ta vie enfin
Celle que tu inventes
Pour goûter au matin
Le courage de l'attente

Brest le 14 février 2011

mercredi 9 février 2011

Pénurie

Plus de papier!
Ni pour écrire, ni pour fumer
Il est trop tard pour en ach'ter
Alors tant pis, je vais m' coucher


Brest le 9 février 2011

Les sommeils empêchés

Mauvaise idée que de vouloir se coucher tôt
Quand la nuit parle d'habitude
Car, au matin, il me manquait ces mots,
Dictée des soirs de solitude

Les rêves éveillés de mes nuits d'insomnie
Sont des vies éphémères aux intenses couleurs
Refuges imaginaires où les petits soucis
Perdent leur gravité pour renaitre en fleurs

C'est ma respiration, ces heures qui s'écoulent
Le temps que je me donne pour que rien ne s'écroule
Légers instants volés à la fureur du monde

Peut-être bien futiles mais combien apaisants
Ces mots noirs alignés à en rendre plaisants
Les sommeils empêchés de mes nuits vagabondes.


Brest le 9 février 2011

dimanche 6 février 2011

Portsall

Dociles et tranquilles
Oscilant, nonchalants
Les bateaux rêvent aux miles
Parcourus sous les vents

Et leurs mats mélodieux
Sous les coups des haubans
Font monter jusqu'aux cieux
Les chants de l'océan

Résonnent les lumières
Sur la nappe qui s'étale
D'eaux sombres, prisonnières
Dans le port de Portsall


Portsall, le 5 février 2011

mardi 1 février 2011

Vivante

Être une étoile filante
Dans ton ciel nourri d'orages
Lumière brève mais aveuglante
Pour t'inspirer quelques naufrages

Être la vague dans l'océan
Qui t'engloutit ou qui t'emporte
Au gré des vents et des courants
Qui quelques fois te réconfortent

Être oasis dans tes déserts
de solitudes abyssales
Pour goûter même les éphémères
Brûlants soleils de tes escales

N'être que l'ombre qui te suit
A en redouter la lumière
Qui t'exilera de mes nuits
Et consumera mes prières

Être parfois anéantie
Sous le feu d'un de tes regards
Pour que la douleur ressentie
Cède au plaisir maquisard

Être étincelle au coeur des braises
Être au moins celle qui t'apaise
Être enfin celle que tu baises


Brest le 1er Février 2011

dimanche 30 janvier 2011

Ce soir je ne t'aime pas

Ce soir, je ne t'aime pas
Tu as crié trop fort
J'ai senti tes fracas
De colère sur mon corps

Ce soir, mon coeur est vide
Et mon esprit s'évade
De cet éphéméride
De cris et de bourrades

Ce soir, j'ai trop souffert
D'être aimé comme tu aimes
Des caresses de fer
Qui me couvrent d'oedèmes

Ce soir je n'en peux plus
D'implorer tes pardons
Et tes pleurs qui affluent
Ont un goût de poison

Ce soir, je ne t'aime pas
Et c'est pourquoi j'en pleure
De répéter "Papa!"
Pour calmer ta fureur


Brest le 30 janvier 2011

mardi 18 janvier 2011

Les nuits sans mémoire

Si dans la nuit je m'abandonne
Aux profonds fleuves naufrageurs
L'oubli, hélas, ne m'arraisonne
Qu'à un répit de quelques heures

J'ai beau noyer les souvenirs
Qui m'encombrent la tête
Je ne vois guère que l'avenir
devenir obsolète

Alors puisque les venins
Qu'à force mon sang distille
Ne m'apportent au matin
Qu'une armée qui défile
Je choisirai des armes
aux blessures moins amères
Pour couvrir le vacarme
De mon coeur en colère


Brest le 17 janvier 2011

lundi 17 janvier 2011

Chimères

Notre agonie a rendu l'âme
Et cependant je continue
D'alimenter une flamme
Qu'aucune autre n'atténue

Mais je cherche un autre été
Hors du silence de notre hivers
Je veux cesser de m'hébéter
A ne poursuivre que des chimères

Alors j'oublierai ton visage
La chaleur de tes bras
Et ton corps dans l'orage
De nos jeux sous les draps


Brest le 17 janvier 2011

samedi 15 janvier 2011

La servitude du malheur

Trop à l'étroit dans mes colères
Je voudrais tant pouvoir guérir
De quelques mots en quelques vers
Ce monde que je vois gémir
J'aspire encore à les ouvrir
Ces lourdes portes cadenassées
Qui nous isolent dans un empire
D'erreurs sans cesse ressassées :

Pourquoi la mort vient-elle frapper
Des gens innocents sans défenses
Quand leurs bourreaux sont épargnés
Seulement victimes de nos silences?

Pourquoi la force et la violence
Assurent-elles la victoire
A ceux qui n'ont pour seule conscience
Que d'aquérir plus de pouvoir?

Qui sont ces hommes qui mettent à mort
Au nom de dieux ou de justice
Leurs frères et soeurs qui ont pour tort
De n'être pas de leurs complices?

Pourquoi sont-ils donc condamnés
Tous les petits et les sans voix
A n'être que succédanés
De citoyens, privés de droits?

Tant de souffrances sur nos écrans
Nous habituent aux haut-le-coeur
Et rentre vite dans le rang
De l'impuissance, notre rancoeur.
Le rythme sourd des coups portés
Fait du malheur une habitude
Et l'on finit par supporter
De vivre dans sa servitude

Mais dans nos coeurs parfois résonnent
Et coulent les sanglots sanglants
Sur les feuilles noires d'un automne
Au vent d'orage froid et cinglant


Brest le 15 janvier 2011

mardi 11 janvier 2011

Christina Taylor Green (2001-2011)

Tu es née sur les cendres
D'un deuil universel
Ce triste onze septembre
De mémoire si cruelle
Tu as grandi couvée
Par quelques projecteurs
Symbole projeté
Pour conjurer la peur

Qui aurais-tu été
Jeune fille et puis femme?
Aurais-tu pu lutter
Et prolonger la flamme
Le rêve d'un meilleur
Pour ce monde qui sombre
Qui vit dans la frayeur
Des armes qui l'encombrent?

Mais la bétise humaine
La folie meurtrière
D'un assoiffé de haine
T'a fait tomber hier :
Ô ma pauvre innocence
Balayée par le feu
De la sombre démence
D'un gosse à peine plus vieux

Encore combien d'enfants
Avant que nous emportent
les furieux flots sanglants
D'une humanité morte.
Il faut que ce bruit cesse
Ce silence insoutenable
Qui fait que nos détresses
deviennent acceptables

La couleur de ton nom
A perdu tout espoir
Et nos larmes au fond
Ne sont qu'un exutoire

Car ces pleurs sincères effacés,
Restera-t-il dans nos poitrines
Une trace de ton corps terrassé
Ô feu Christina Taylor Green?


Brest le 11 janvier 2011

jeudi 6 janvier 2011

Les pierres impossibles

Souvenir effleuré comme un doigt sur des lèvres
Un souffle murmuré par une brise ancienne
Le hasard s'ingénue à devenir orfèvre
Pour redonner éclat aux amours diluviennes

Et quand les pierres grises retrouvent des couleurs
Et d'or et d'argent aux feux crépusculaires
Peu importe qu'elles aient perdu de leur chaleur :
Il est de ces froideurs dont on ne peut s'abstraire

Recouverts, les galets, polis à l'impossible
Toujours présents pourtant, immobiles, impassibles
Surgissant sous nos yeux à la moindre lumière

Et puis la nuit revient et l'ombre se propage
Dans un silence furieux plus bruyant que l'orage
Et les galets alors sombrent en cimetière


 
Brest le 5 janvier 2011