samedi 12 décembre 2015

Du fond du coeur

Scénario : Patrick Belloeil et Stéphane Martin
Réalisation : SMART Photographie
Voix Off : Mireille Martin Ferrer
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mardi 8 décembre 2015

Bleu Brun

Le terreau de terreur
Cultivé par les loups
Recouvre leurs erreurs
Et assourdit leurs coups

En janvier et Novembre
On enterre l’innocence
Pour, au mois de décembre
Récolter l’indécence

La parole et le geste
La maîtrise est totale
On ne voit plus la peste
Dans leurs idées létales

Plus de haine au front :
Ils ne sont que victimes
Et laveront l’affront
En non-droit légitime

Les urnes se remplissent
Des maux qu’ils illuminent
Cachant leur immondice
Sous un brun bleu marine


Brest le 8 décembre 2015

De père en fille

Le palimpseste
Du manifeste
Empeste
L’inceste :
Idées simples et lestes
Disent mieux que les gestes
L’héritage funeste
Du père au verbe preste.


Brest, le 7 décembre 2015

Etat de deuil

Je présente toutes mes condoléances
Aux amoureux des belles idées de France
Aux enfants ainsi qu’aux cons aux doléances
Dictées par la sottise et l’ignorance.


Brest le 7 décembre 2015

Read Only Memory

Je ne serai plus émissaire
De ton anniversaire
Il me reste la naissance
De notre obsolescence.


Brest, le 12 octobre 2015

Corps-beille de fruits

Chantre, entre tes monts, du lent
Mais brûlant de goûter tes agrumes
Car ton corps, dans mes mains, ondulant
M'enivre de ses plaisants volumes


Châteaulin, le 13 novembre 2015, 12h34

vendredi 13 novembre 2015

La jupe

De ce bel abat-jour descendait la lumière
Et la chaleur irradiait mon ventre
Faisant naître au cœur de mon corps chaudière
Le désir brûlant d’incendier son antre 


Châteaulin le 13 novembre 2015, 14h53

mercredi 28 octobre 2015

Jeu de l'être (III)

J'ausculte mon tumulte
Et disculpe l'occulte:
Les cultes que je me sculpte
Décuplent mes rechutes


Brest le 27 octobre 2015

jeudi 15 octobre 2015

Jihâd

d'après une photo de Vincent L'Hostis

Je ne garde de toi que cette coquille
Vidée de cet amour que je t'avais offert
Ces sourires figés, ces airs si tranquilles
Qui sont loin à présent que je vis en enfer

Il me reste l'éclat de tes rires d'enfant
Qui, dans ma tête, résonnent encore
Aussi fort, aujourd'hui, que les cris étouffants
Des innocents que tu as condamnés à mort

Je voudrais retenir tes yeux bordés de larmes
Pour un genou griffé, une peine de cœur
Oublier les regards de ces femmes en pleurs

Je voudrais pouvoir, d'un mot, rompre le charme
Qui m'a ravi mon fils pour en faire ce tueur
Aveuglé d'inepties et assoiffé d'horreur


Brest - Châteaulin le 14 octobre 2015
http://vincent-lhostis.tumblr.com/
Modèle : Tima TheRedfish

vendredi 9 octobre 2015

Amaryllis (un certain 11 octobre)

à M-L
Les horizons de nos ciels irisés
S’enlacent, s’embrassent et s'embrasent
Laissant les sangs se lasser, épuisés
Des motions d'émotions qu’on arase

Les gouffres de nos cœurs finement ciselés
Se parent d'un noir profond qui répare
Les viles mille vies d’un instant morcelé
Qui souffre quand le jour à nouveau s'en empare

L’oubli est un repos que les cœurs guerriers
Déciment sans combattre
Les défaites ont des dates en dettes d’usurier
Dont le prix se paye sans débattre

Le triste mois précédant l’armistice
Détonne dans le gris de l’automne
Souvenir soliste entre les deux solstices
Qui s’étonne des chagrins autochtones

Mais la jovialité, soudain, retombe
Et rallie la lie de la réalité :
Un souvenir repose dans sa tombe
Sur son bonheur, aussi par la mort, alité.

Au musée, s’amuse alors Mona-Lisa
Silencieuse muse d’un des sens
De voir ce cœur qu’elle monopolisa
Sertir la douleur en toute indécence

Et le précieux joyau forgé si près du ciel
Étouffé à présent au profond des abysses
Brille sous les soleils noirs sacrificiels
D'artifices volés aux feux d’Amaryllis


Brest le 9 octobre 2015

mercredi 23 septembre 2015

Rue de la soif

Les habitants habituels
De la rue sombre de mauvais vins
Font de ses caniveaux actuels
Leurs ultimes profonds ravins

Ils s'égosillent et s'apostrophent
Tristes inégaux et pauvres gosses
D'une liberté qui ne leur offre
Que trop souvent coups, plaies et bosses

Ces recalés à satiété
Squattent le pavé, le bitume
Et le ban de notre société
Exclus déjà presque posthumes


Cluis - Brest - Châteaulin, 19-23 septembre 2015

lundi 14 septembre 2015

Aylan

(Le dormeur de la plage)

Il est allongé sur la plage
A quelques pas de l’eau
Du sel encore sur le visage
Et des algues sur la peau

Ses yeux sont grand ouverts
Sur l’horizon lointain
Et les bruits de la guerre
Se sont enfin éteints

Les caresses du vent
Ne font plus la moisson
Des rires de l'enfant
Ni du moindre frisson

Quand des bambins heureux
Font des jeux dans le sable
Aylan repose sous nos yeux
D'un sommeil insupportable


Brest-Châteaulin, le 14 septembre 2015

La plage

à Aylan, Galip
et tous les autres
La mer, méditerranéenne
A accouché au matin
Sans amour et sans haine
D'enfants qui n'étaient pas les siens

Des orphelins de vie
Bien avant d'être morts
Au néant, asservis
Sans avoir vu l'aurore

Brest, le 14 septembre 2015

mardi 8 septembre 2015

Chirurgie

Je veux que mes mains assassines
Déchirent ma poitrine
Et arrachent la douleur
Qui s'accroche à mon cœur


Saint Philibert, 29 juillet 2015

Coeurs arrêtés

Sur une idée de Naouelle, ma petite princesse aux oreilles percées...


Mon petit cœur chaud meurt
De fièvre en ta présence
Mon petit cœur chômeur
Crève de ton absence


Brest, le 30 mai 2015

J'étais celui

J’étais celui de chaque instant
Avant de n’être plus personne
Victime de ton oubli et du temps
Coupable de trop d’automnes

J’étais celui des confidences
Et des secrets partagés
J’enrage aujourd’hui que ton silence
Ne sache pas me soulager

J’étais celui de ce temps
Qui passe sans qu'on le voie
Je deviens « l’important »
Dont tu oublies la voix

J’étais celui des mots qui portent
Qui encouragent ou qui apaisent
J’attends, derrière ta porte,
Qu’enfin mes maux se taisent

J’étais celui qui écoute
Avant que tu ne dresses
Des murs de peurs et de doutes
Entre ton cœur et mes caresses.

J’étais celui qui marche
Avant d’être celui qui tombe
Notre amour a loupé la marche
Et je suis devenu sa tombe


Finistère, 19 juin - 8 septembre 2015


samedi 30 mai 2015

Dis-moi

Dis-moi que tu ne pleures plus.
Dis-moi que tes sourires ne sont pas des doux leurres. Que le temps a passé et que son baume a effacé jusqu'aux traces de tes incertitudes. Que tes doutes se sont estompés et que la vie t'apporte aujourd'hui ce que la notre n'a jamais su te donner. Dis-moi que ça valait la peine de nous perdre, que notre mort a permis la renaissance que tu espérais.
Dis-moi que ton silence acéré cessera bientôt de me transpercer. Que la vie me rattrapera à nouveau et viendra combler le vide qui m'emplit. Dis-moi que je saurai trouver l'envie de dépasser le manque. Que je saurai oublier et que le souvenir de nous deviendra aussi doux que les moments que nous avons vécu. Dis-moi que les beaux souvenirs finissent par ne devenir que de simples souvenirs. Que leurs tranchants s'émoussent avec le temps.
Dis-moi que la morsure de l’absence saura cicatriser et qu'il n'en restera qu'une trace légère, fine et blanche, comme un silence discret dans un coin de mon cœur, comme un soupir sur la portée de ma musique intérieure.
Ne m'épargne rien de ton bonheur. Arrache-moi le cœur jusqu'à ce qu'il ne puisse plus battre, ni pour toi ni pour personne. Dis-moi d'aller baiser ailleurs, de noyer la douceur de nos nuits dans la moiteur des éphémères.

Dis-moi que j'ai eu tord de vouloir être heureux avec toi.

Dis-moi que tu reviens


Double peine

Je resterai jusqu'à l'autre.
Jusqu'à celui qui saura prendre la place que je n'ai pas su garder.
Je poserai mes pas sur les chemins escarpés de tes inquiétudes pour que tu puisses y poser les tiens sans crainte.
Je recueillerai tes larmes pour les faire disparaître.
Je t'offrirai mes sourires et des mots sans amour, les seuls que tu acceptes encore.
Je te regarderai t'éloigner, prête à prendre une main qui ne sera pas la mienne.
Et tu m'auras quitté pour la seconde fois...

lundi 27 avril 2015

La plus infime des possibilités

J’ai jeté un coup d’œil en arrivant sur le parking, pour vérifier si sa voiture y était. J’ai été presque malgré moi dans le coin le plus reculé dans lequel on ne voit pas s’il s’y trouve des voitures à moins de n’en être qu’à une dizaine de mètres
J’ai pris le petit sentier qui monte jusqu’à l’immeuble. J’ai levé la tête en direction de l’appartement espérant y voir la lumière tamisée qu’elle affectionne. Mais l’intérieur semblait désespérément sombre : ni lumière, ni son ombre qui bougeait parfois lorsque j’arrivais.
J’ai gravi les escaliers doucement, sans courir afin de ne pas m’essouffler : je n’aimais pas être essoufflé lorsque je la serrais dans mes bras avant même de fermer la porte du pallier. Avant d’introduire la clef dans la serrure, j’ai vérifié, par acquis de conscience, que la porte n’était pas ouverte. J’ai souris de mon geste : elle fermait le verrou de toute façon pour que le chat ne puisse pas ouvrir la porte.
Je suis entré dans l’appartement et ai allumé le plafonnier. Puis j’ai été jusqu’à la petite lampe, l’ai allumée afin de pouvoir éteindre le plafonnier : si elle devait passer la porte, je ne voulais pas qu’elle se sente agressée par une lumière trop vive.
J’ai mis l’ordinateur sous tension avant d’aller me servir un verre de vin. A mon retour, j’ai vérifié mes emails : pendant les vingt minutes qui séparent mon domicile du bureau, elle aurait eu le temps de m’envoyer un message. Pris d’un doute subit, j’ai regardé si je n’avais rien reçu sur mon portable : appel manqué, sms. Je me suis vraiment trouvé ridicule à ce moment : entre la sonnerie et le vibreur, je n’ai jamais loupé un appel.
Je me suis roulé une cigarette en prenant bien soin de ne pas laisser tombé au sol des brins de tabac. J’ai toujours gardé en mémoire la réflexion qu’elle m’avait faite un jour : « déjà que tu m’asphyxie, tu pourrais au moins faire attention à ne pas salir ! ». Je n’ai pour autant pas pu me résoudre à passer aux cigarettes toutes faites, ni à arrêter de fumer. Avant de l’allumer, j’ai mis la musique puis me suis assis dans le canapé. J’ai observé la télé éteinte un bon moment. Je voyais dans le reflet de l’écran les volutes de la fumée monter doucement, dessiner des formes longues et fines qui m’ont rappelé les siennes.
Je me suis levé au bout d’un moment pour aller jusqu’à la cuisine. En prenant un morceau de jambon et une tomate, j’ai vu la bouteille d’eau pétillante dans la porte du réfrigérateur. Elle aimait bien cette eau lorsqu’elle se levait la nuit.
J’ai déposé l’assiette de jambon et la tomate sur la table de salon et suis allé dans la chambre dont je n’ouvre jamais les volets. J’ai laissé mes yeux s’habituer à la pénombre pour me rendre compte que le lit n’était pas défait. Je suis retourné au salon et me suis assis devant l’assiette. J’ai roulé une autre cigarette et me suis resservi un verre de vin. Je suis laissé emporter par ce morceau de musique qu’elle aimait tant et sur laquelle la lecture aléatoire s’était arrêtée. Pris de remord à cause de l’odeur que mes cigarettes allaient laisser, j’ai été cherché une bougie. Je l’ai placée dans ce bougeoir qu’elle m’avait offert à son retour. D’où revenait-elle déjà ? Etait-ce d’Inde ou du Maroc ? Elle voyageait tellement. Celui-là devait venir d’Inde.
J’ai allumé la bougie puis ma cigarette. Les volutes ont recommencé à danser au dessus de moi. Je les ai suivies des yeux jusqu’à ce que mon regard se perde sur l’horizon du plafond. L’un des seuls horizons que j’acceptais encore de voir.
Après avoir terminé ma cigarette, je me suis levé pour ramener l’assiette de jambon et la tomate dans la cuisine. La bouteille de d’eau se trouvait toujours dans le frigo.
Je me suis installé devant l’ordinateur afin de vérifier qu’aucun email ne m’était parvenu. J’ai supprimé les quelques pubs qui encombraient ma boite de réception et qui pourraient me faire passer à coté d’un nouveau message. J’ai ouvert le dossier personnel dans lequel j’avais stocké tous les mails qu’elle m’avait envoyés et j’en ai relu quelques uns. J’ai soigneusement évité de regarder celui qui se trouvait tout en haut. Parce que c’était le dernier. Parce que, celui-là, je le connaissais par cœur.
J’ai ensuite été regarder les photos stockées dans l’album de l’ordinateur. Pour vérifier. Mais non, je n’avais pas oublié son visage. J’avais toujours en mémoire ces taches de rousseurs, leur disposition exacte, la courbe de ses yeux, la forme de son nez, la couleur de sa bouche. En fermant les yeux, je me souvenais aussi de la douceur de ses lèvres, de sa peau.
J’ai éteint l’ordinateur après avoir vérifier qu’aucun email n’était arrivé entre temps. Je suis retourné sur le canapé, me suis roulé une dernière cigarette et me suis servi un dernier verre de vin. Le chat en a profité pour venir ronronner sur mes genoux tout en tricotant sur mon jean avec ses griffes. Je l’ai fait partir rapidement : c’était le jean que l’on avait acheté ensemble et puis elle n’aimait pas quand le chat « tricotait » sur elle.
J’ai écrasé ma cigarette, bu mon verre de vin. J’ai vidé le cendrier dans la poubelle pour éviter l’odeur de tabac froid qui l’agaçait tellement. J’ai éteint la lumière et ai rejoint la chambre. Je me suis dévêtu dans le noir comme j’en avais pris l’habitude pour ne pas la réveiller quand je rentrais tard. Puis je me suis couché sur le coté droit du lit, la tête tournée vers la place qu’elle occupait chaque nuit. J’ai hésité à me caresser. Je me suis retenu pour le cas elle serait arrivée en voulant retrouver le goût de nos étreintes.
J’ai laissé longtemps mon esprit vagabonder sur le paysage formé par la couette, étrangement plat de son coté. Je n’ai pas compris tout de suite pourquoi. J’ai mis du temps à me rendre compte qu’il aurait fallu que son corps soit présent. Son corps et pas seulement le souvenir que j’en gardais.
Le sommeil a séché mes larmes. Quelques rêves, sans doute, ont peuplé ma nuit.
Je me suis réveillé tôt comme à mon habitude. Je me suis levé sans faire de bruit, ai enfilé mon peignoir et suis parti dans la cuisine préparer mon café. Je suis passé dans le salon pour allumer l’ordinateur avant d’aller prendre ma douche. Après m’être habillé, j’ai vérifié ma boite de réception dans laquelle il n’y avait aucun message. J’ai bu mon café et me suis roulé une cigarette. J’ai mangé un morceau de pain avant de l’allumer en me souvenant qu’elle ne supportait pas l’idée que je fume à jeun.
Je suis resté un petit moment devant mon café, puis j’ai débarrassé la table. Avant d’aller me laver les dents, j’ai été éteindre l’ordinateur après avoir regardé ma boite de réception vide. J’ai jeté un rapide coup d’œil, un peu gêné, sur mon portable.
J’ai enfilé mon manteau, puis avant de quitter l’appartement, je suis resté quelques secondes à scruter chaque objet, chaque meuble pour imprimer dans ma mémoire les endroits précis ils se trouvaient, de façon à me rendre compte du plus léger déplacement durant mon absence.

J’ai refermé la porte avec ce même espoir au fond de moi de la retrouver le soir. Ce même espoir qui me fera consulter ma boite mail tout au long de la journée depuis l’ordinateur de mon bureau. Ce même espoir qui depuis deux ans, depuis que tu m’as quitté, me pousse à croire que l’amour peut être plus fort que la mort.