dimanche 30 janvier 2011

Ce soir je ne t'aime pas

Ce soir, je ne t'aime pas
Tu as crié trop fort
J'ai senti tes fracas
De colère sur mon corps

Ce soir, mon coeur est vide
Et mon esprit s'évade
De cet éphéméride
De cris et de bourrades

Ce soir, j'ai trop souffert
D'être aimé comme tu aimes
Des caresses de fer
Qui me couvrent d'oedèmes

Ce soir je n'en peux plus
D'implorer tes pardons
Et tes pleurs qui affluent
Ont un goût de poison

Ce soir, je ne t'aime pas
Et c'est pourquoi j'en pleure
De répéter "Papa!"
Pour calmer ta fureur


Brest le 30 janvier 2011

mardi 18 janvier 2011

Les nuits sans mémoire

Si dans la nuit je m'abandonne
Aux profonds fleuves naufrageurs
L'oubli, hélas, ne m'arraisonne
Qu'à un répit de quelques heures

J'ai beau noyer les souvenirs
Qui m'encombrent la tête
Je ne vois guère que l'avenir
devenir obsolète

Alors puisque les venins
Qu'à force mon sang distille
Ne m'apportent au matin
Qu'une armée qui défile
Je choisirai des armes
aux blessures moins amères
Pour couvrir le vacarme
De mon coeur en colère


Brest le 17 janvier 2011

lundi 17 janvier 2011

Chimères

Notre agonie a rendu l'âme
Et cependant je continue
D'alimenter une flamme
Qu'aucune autre n'atténue

Mais je cherche un autre été
Hors du silence de notre hivers
Je veux cesser de m'hébéter
A ne poursuivre que des chimères

Alors j'oublierai ton visage
La chaleur de tes bras
Et ton corps dans l'orage
De nos jeux sous les draps


Brest le 17 janvier 2011

samedi 15 janvier 2011

La servitude du malheur

Trop à l'étroit dans mes colères
Je voudrais tant pouvoir guérir
De quelques mots en quelques vers
Ce monde que je vois gémir
J'aspire encore à les ouvrir
Ces lourdes portes cadenassées
Qui nous isolent dans un empire
D'erreurs sans cesse ressassées :

Pourquoi la mort vient-elle frapper
Des gens innocents sans défenses
Quand leurs bourreaux sont épargnés
Seulement victimes de nos silences?

Pourquoi la force et la violence
Assurent-elles la victoire
A ceux qui n'ont pour seule conscience
Que d'aquérir plus de pouvoir?

Qui sont ces hommes qui mettent à mort
Au nom de dieux ou de justice
Leurs frères et soeurs qui ont pour tort
De n'être pas de leurs complices?

Pourquoi sont-ils donc condamnés
Tous les petits et les sans voix
A n'être que succédanés
De citoyens, privés de droits?

Tant de souffrances sur nos écrans
Nous habituent aux haut-le-coeur
Et rentre vite dans le rang
De l'impuissance, notre rancoeur.
Le rythme sourd des coups portés
Fait du malheur une habitude
Et l'on finit par supporter
De vivre dans sa servitude

Mais dans nos coeurs parfois résonnent
Et coulent les sanglots sanglants
Sur les feuilles noires d'un automne
Au vent d'orage froid et cinglant


Brest le 15 janvier 2011

mardi 11 janvier 2011

Christina Taylor Green (2001-2011)

Tu es née sur les cendres
D'un deuil universel
Ce triste onze septembre
De mémoire si cruelle
Tu as grandi couvée
Par quelques projecteurs
Symbole projeté
Pour conjurer la peur

Qui aurais-tu été
Jeune fille et puis femme?
Aurais-tu pu lutter
Et prolonger la flamme
Le rêve d'un meilleur
Pour ce monde qui sombre
Qui vit dans la frayeur
Des armes qui l'encombrent?

Mais la bétise humaine
La folie meurtrière
D'un assoiffé de haine
T'a fait tomber hier :
Ô ma pauvre innocence
Balayée par le feu
De la sombre démence
D'un gosse à peine plus vieux

Encore combien d'enfants
Avant que nous emportent
les furieux flots sanglants
D'une humanité morte.
Il faut que ce bruit cesse
Ce silence insoutenable
Qui fait que nos détresses
deviennent acceptables

La couleur de ton nom
A perdu tout espoir
Et nos larmes au fond
Ne sont qu'un exutoire

Car ces pleurs sincères effacés,
Restera-t-il dans nos poitrines
Une trace de ton corps terrassé
Ô feu Christina Taylor Green?


Brest le 11 janvier 2011

jeudi 6 janvier 2011

Les pierres impossibles

Souvenir effleuré comme un doigt sur des lèvres
Un souffle murmuré par une brise ancienne
Le hasard s'ingénue à devenir orfèvre
Pour redonner éclat aux amours diluviennes

Et quand les pierres grises retrouvent des couleurs
Et d'or et d'argent aux feux crépusculaires
Peu importe qu'elles aient perdu de leur chaleur :
Il est de ces froideurs dont on ne peut s'abstraire

Recouverts, les galets, polis à l'impossible
Toujours présents pourtant, immobiles, impassibles
Surgissant sous nos yeux à la moindre lumière

Et puis la nuit revient et l'ombre se propage
Dans un silence furieux plus bruyant que l'orage
Et les galets alors sombrent en cimetière


 
Brest le 5 janvier 2011