vendredi 24 août 2012

Fusain et aquarelle

à F.

Regard d'aquarelle
Saupoudrant d'un ton bleu
Le noir qui m'ensorcelle
A naufrager mes yeux

Diffusant son aurore
Sur l'aube de mes pleurs
Pour changer le décor
Qui enserre mon coeur

Cherchant à décimer
Aux eaux de ses soleils
La tristesse essaimée
Par d'anciennes merveilles

Ô courageux dessein
De vouloir effacer
Quelques ombres au dessin
D'un visage lassé!

Mais on sait que s'effacent
Arrivés à leur fin
Ces croquis qui, hélas!
Ne sont faits qu'au fusain


Brest, le 24 août 2012

Deux

Des souvenirs dedans telles
Des larmes ou des dentelles
Quelques rêves en morceaux
Qu'elles retiennent en berceau

Refermées et livides
A trop serrer le vide
Poing brandit en message
Soumis malgré la rage

Souvent tendues, parfois offertes
Peu importe les pertes
Elles restent étonnées
Du plaisir de donner

Voyageuses osées
Qui aimèrent se poser
Sur les courbes dansantes
De mes douces amantes

Et la droite contrainte
Sur l'encre de mes plaintes
Ou les formes des femmes
Qui naissent sous mes lames

Courageuses et fragiles
Assurées ou fébriles :
Fidèle et honnête
Prolongement de ma tête

Ces mains que j'ai sculpté
A force de les tordre
Ont toujours occulté
La bétise de mes ordres
Et les rares cicatrices
Qui gâchent leurs empreintes
Sont les marques expiatrices
De facheuses étreintes


entre Carhaix et Brest, entre le 19 juillet et le 24 août 2012

Que nos raisons se taisent!

à M & N
Ce n'est pas ton silence qui tuera notre amour
Qu'importe sa violence qui ne brise que les jours
Car les nuits reconstruisent cet espoir si fragile
La douleur s'amenuise, les souvenirs défilent:

Chaque mot prononcé, qui trouvait en écho
Ce que l'autre pensait, est gravé dans ma peau
Chaque heure de ces deux jours où nous fûmes tous deux
Au coeur d'un même amour vit encore dans mes yeux

Je revis comme un rêve nos regards emmêlés
La douceur de nos lèvres, nos corps ensorcelés,
Et puis ces quelques pleurs, à la gare, le dimanche

Alors tant que la vie soufflera sur les braises
De ce bel incendie, que nos raisons se taisent
Et que battent nos coeurs au rythme de nos hanches!


Brest, le 24 août 2012



Mineur sans fond

Creuser, c'est risquer de rencontrer le vide
Aprés s'être écorché sur des terres arides
C'est risquer de trouver des douleurs fossiles
Dans les champs endormis de souvenirs dociles

Il est des profondeurs à ne pas découvrir
Des puits que même le noir ne saurait définir
Et si la paix n'est pas synonyme de silence
Celui-ci sait au moins cacher les turbulences


Brest, le 24 août 2012