Les anges du bistrot de la cité
Réveillent mes doux démons
Et de retour de cécité
Je m'en enivre à plein poumons
Je me laisse emporter
Par les gens qui défilent
La scène est à portée
Spectacle à domicile
Je contemple la danse
Des clients qui s'invitent
Au soir qui s'avance
À s'abreuver la lippe
Il y a les belles qui le savent
Et les touchantes gueules cassée
À coup de cuites ou de maraves
A coup d'amours trop ressassées
Il y a le gars discret
Assis au coin du bar
Celui qu’a un secret
Profond dans le regard
J’entends aussi L’hurluberlu
Qui crie qui tangue qui roule
Qui hurle à vous à nous à tu
Qui une fois tût enfin s'écroule
Il y a celui qui fume
Espérant qu'un sourire
L’envoie sur le bitume
D’autres ont dû faire bien pire
Il y a les normales
Qui se mêlent aux étranges
Pas une âme au final
Qu’aucune autre dérange
Il y a de la musique
Celle qui parle au cœur
Pour les plus nostalgiques
Comme pour les noceurs
Pas de thème seul l'instinct
Où l'envie du moment
Allume ou bien éteint
L’important c'est l'instant
Ce sont les clients qui la mettent
Juste pour le partage
Du son ou de la chansonnette
Il y en a pour tous les âges
Il y a le sol qui colle
Et l'odeur qui mélange
Clope froide et alcool
C’est le parfum des anges
Il y a tant d'humanité
Alignée au comptoir
Que l'on pardonne l'inanité
Des loups accros au désespoir
Et quand la tristesse
Guette le visiteur
Avant qu'elle l'agresse
La cloche sonne l'heure
Il porte bien son nom
Bistro de la cité
Les Apaches y ont
Semble-t-il droit d’citer
Au milieu de la foule
Des bars fabriqués
Ce bistrot lui déroule
Le goût vrai d'un troquet
Rennes, avril 2023
