dimanche 6 novembre 2016

Nuit-amant

Tellement plus de nuit en dedans qu'au dehors
Quand mes pas me mènent à vouloir pour décor
Davantage de bruit, de mouvements de corps
Qu'un silence qui, peu à peu me dévore

Sous le sombre revers des hauts réverbères
Aux serres et aux crocs sanglants de lumière
Se déchire l'ombre qui m'est coutumière
Pour délivrer mon cœur, vorace Cerbère

Mes regards mordent celles qui s'aventurent
Sous le manteau ardent d'étoiles obscures
Invitant d'un sourire la créature
A finir la nuit au soleil de Mercure


Brest, le 6 novembre 2016


lundi 10 octobre 2016

Dimanche matin

Dans le flow incessant
De ce flot de passants
L'immobile égaré
Se fond au bigarré

Les camelots ajoutent
Cames et lots aux joutes
Verbales qui les opposent
Aux chalands qui s'y osent

Les étoles s'étalent
En atolls aux étals
Au milieu des babioles
Que les années étiolent

Les immenses tas d'épices
Ravissent les iris
Papilles et pupilles
Ensemble s'émoustillent

La fragrance des essences
Recense chaque sens
Parfumant blancs et noirs
Commandés aux comptoirs

En fin de méridienne
Les balais vont et viennent
Libérant le bitume
Des primeurs posthumes


Brest, le 6 octobre 2016


mardi 16 août 2016

Nice

Elle dansait, Nice, un mois après l'horreur
Pour enterrer les voix des semeurs de terreur
Et les filles aux langues multicolores
Chantaient - dansaient aussi! - pour apaiser les morts

Les musiciens semaient leurs accords vagabonds
Au vent de la douleur, par pudeur moribond
Et la vie résonnait des places aux jardins
Dans les rires offerts aux gorges en écrins

Elle dansait, Nice, un mois après l'horreur
Et il n'y avait plus de trace de ces pleurs
Qui avaient envahit les regards de France

Et le fier olivier aux rameaux pleins de fruits
Veillait en silence au milieu de ce bruit
L'enfant Liberté surmontant sa souffrance


#jesuisnice
Nice, le 10 août, Nantes le 13 août 2016

jeudi 23 juin 2016

Dans les nuits bleues de Brest (allitérations récréatives)

Quand traîne le blues 
Dans les nuits bleues de Brest
Baguenaudant des badauds 
Déboulant des boulevards
Aux belles mutines 
Dodelinant du bas du dos,
On entend des ballades de bruine,
Dévalées des haubans 
Des bateaux ballottés,
Butiner le bitume 
Et bruire de bonheur.

Bravant la brève brise 
Désabusée devant 
Les hauts vents déjà déboutés 
Des bâtiments de Vauban,
Le breton du bout du monde 
Déambule à la lune,
Baladin déboussolé, 
Badinant blondes et brunes
Distribuant à la ronde 
Des baisers de bière 
Et d’embruns embrassés

Sans débat ni dédain, 
Les donzelles amusées 
Donnent leurs bijoux bombés
Aux yeux des beaux bandits
Dont les bouches
Sont bientôt
Pleines de dents débordées.


Brest, le 23 juin 2016


vendredi 17 juin 2016

R(h)umeur

La philharmonie perfide
Des langues apocryphes
Distillent d'homicides
Coups de crocs et de griffes

Les vents soufflent et persiflent
Défiant du faux la vérité
Et font des mots comme les gifles
Des cours de récré héritées

Dégoûtant les égouts
D'une fange putride
Les mensonges s'ébrouent
De phrases qui trucident

Le néant fait ses gammes
A renfort d'apophtegmes
Confortés d'amalgames
Assénés avec flegme

L'oraison pamphlétaire
Abreuvée de mensonges
Se répand, délétère
Et les candides plongent

L'oeuvre se parachève
Quand, de concert, les loups
Hurlent pour qu'enfin crève
Celui qu'ils mirent au clou.


Brest, le 17 juin 2016

lundi 6 juin 2016

Noyades


Combien de temps faut-il que nos cœurs les portent
Pour se défaire du poids des amours mortes?
Combien encore de douleurs à étreindre
De sanglots discrets à cesser de contraindre?

J'aimais l'amour avant qu'il ne me déteste
Avant qu'il ne me donne ce qu'il lui reste:
Quelques heures d'émoi en compagnie d'émaux
Aux éclats incapables de briser mes maux.

Mais combien d'errances, combien de voyages
Pour oublier enfin les traits des visages
Et les corps ulcérés de tendresses abolies?

Combien d'indécences et de libertinages
Pour poser le mot "fin" au bas de ces pages
D'histoires macérées qui nous ont démolies?



Brest, le 6 juin 2016

vendredi 26 février 2016

Autopsie d'une rupture

Au début faire le beau
L'homme fort que rien n'atteint
Toujours bien dans sa peau
Un sourire en parpaing

Croire donner le change
En détournant la tête
Laisser passer les anges
Et les queues de comètes

Baiser, boire et brûler
D'ivresses passagères
Aux peaux acidulées
Aux caresses légères

Dégringoler ensuite
Trouver la solitude
Au bout de cette fuite
Et de ses turpitudes

Se rendre à l'évidence
Que l'on ne fait pas face
Et briser le silence
Mais seul, devant sa glace

Céder à l'imagination
De corps enchevêtrés
Douceur, coïts, procréation
Comme des crimes perpétrés.

Et puis de guerre lasse
Renoncer à guérir
Considérer l'impasse
Comme le seul avenir

Creuser alors profond
Avec pour fol espoir
D'atteindre le siphon
Qui vide la mémoire


Brest, le 26 février 2016

Aux jours d'huis

Dans les jours d'huis
Sifflent des airs
Parfois les nuits
Même y errent


Brest le 26 février 2016

dimanche 21 février 2016

Fuites

Ouvrir les yeux et la poitrine
Aux brises et bises, muses mutines
Qui, lasses, laissent le lèche-vitrine
Pour s'effacer de mes rétines

Goûter leurs peaux incandescentes
Dans les moiteurs indécentes
Des nuits évanescentes
Aux aubes convalescentes

Serrer ces corps, le cœur serré
S'égarer sans désespérer
Qu'à force de sens ulcérés
Tristesse et rage soient tempérées

Souffler les braises sous la glace
Pour que le feu refasse surface
Séchant les larmes qui l’enlacent
Depuis qu'un autre brûle à sa place


Brest, le 21 février 2016


jeudi 11 février 2016

Morsure

Je suis une crevasse, un cratère
Et le vide qui les précède
La peur qui l'entoure et qui l’atterre
Je suis la mort qui les possède

Je suis la nuit la plus obscure
Et l'ombre qui l'accompagne
Le noir derrière lequel... pas de futur!
Je suis un pays sans mer ni montagne

Je suis la larme et le sanglot
Et le sel qui l'assèche
Le souvenir qui, sur la peau
Brûle encore comme une mèche

Je suis le froid des sueurs soudaines
Le sang qui boue et qui se glace
Qui cristallise l'amour en haine
Je suis l'étreinte qui se délace

Je suis le poète qui persévère
A dire ses maux et ses blessures
Venins sans fin mais qu'il révère
Je suis morsure de la mort sûre.


Brest, le 11 février 2016

lundi 25 janvier 2016

L'assolitude

Je ne suis jamais seul
Tu as pris tes quartiers
En posant un linceul
Sur mon cœur tout entier.


Saint-Philibert, le 31 juillet 2015

dimanche 24 janvier 2016

La brosse à dent

Tu peux jeter ma brosse à dents
Elle ne servira plus
Mon sourire est un accident
Sur lequel il a plu.


Brest, le 23 janvier 2016


Les neufs roses

A défaut de neuf roses
Je t'offre mes névroses
Car elles ont l'avantage
De durer davantage.


Brest, le 23 janvier 2016

dimanche 10 janvier 2016

Fatalité

Même si les corps beaux croissent
A la fin les corbeaux croassent


Brest, le 9 janvier 2016

Tantras tristes

Tant de tentatrices
Aux tantras tristes
Autant de détentrices
D'amours dévastatrices

Innocentes narcisses
Que mes sens anoblissent
Délestant de malice
Leurs cadeaux cicatrices

De ces nuits rédemptrices
Dans lesquelles je m'enchriste
Restent les artifices:
Désirs, délires, délices


Brest le 9 janvier 2016

lundi 4 janvier 2016

Je vœux...

Je te souhaite des bruits feutrés
Plus que des claquement de portes
Des abcès de chagrins éventrés
Des douleurs légères et que l'oubli emporte

Je te souhaite de tenir les promesses
Que tu te fais en silence
Bien plus que celles que l'on tresse
De mots, de phrases, vidés de sens

Je te souhaite d'aimer à tord et à raison
Et de goûter chaque seconde
Les fruits des milles saisons
Que tes amours fécondent

Je te souhaite d'avoir l'envie et le courage
De ne jamais baisser la tête
Dans les jours sombres, bercés d'orages
Comme au plus fort des tempêtes

Je te souhaite des marches lentes et des courses effrénées
Quelques larmes précieuses aux sourires qui fleurissent
Et le regard serein, chaque fois étonné
Sur les chemins étranges d'un bonheur complice


Brest, le 4 janvier 2016