mercredi 23 septembre 2015

Rue de la soif

Les habitants habituels
De la rue sombre de mauvais vins
Font de ses caniveaux actuels
Leurs ultimes profonds ravins

Ils s'égosillent et s'apostrophent
Tristes inégaux et pauvres gosses
D'une liberté qui ne leur offre
Que trop souvent coups, plaies et bosses

Ces recalés à satiété
Squattent le pavé, le bitume
Et le ban de notre société
Exclus déjà presque posthumes


Cluis - Brest - Châteaulin, 19-23 septembre 2015

lundi 14 septembre 2015

Aylan

(Le dormeur de la plage)

Il est allongé sur la plage
A quelques pas de l’eau
Du sel encore sur le visage
Et des algues sur la peau

Ses yeux sont grand ouverts
Sur l’horizon lointain
Et les bruits de la guerre
Se sont enfin éteints

Les caresses du vent
Ne font plus la moisson
Des rires de l'enfant
Ni du moindre frisson

Quand des bambins heureux
Font des jeux dans le sable
Aylan repose sous nos yeux
D'un sommeil insupportable


Brest-Châteaulin, le 14 septembre 2015

La plage

à Aylan, Galip
et tous les autres
La mer, méditerranéenne
A accouché au matin
Sans amour et sans haine
D'enfants qui n'étaient pas les siens

Des orphelins de vie
Bien avant d'être morts
Au néant, asservis
Sans avoir vu l'aurore

Brest, le 14 septembre 2015

mardi 8 septembre 2015

Chirurgie

Je veux que mes mains assassines
Déchirent ma poitrine
Et arrachent la douleur
Qui s'accroche à mon cœur


Saint Philibert, 29 juillet 2015

Coeurs arrêtés

Sur une idée de Naouelle, ma petite princesse aux oreilles percées...


Mon petit cœur chaud meurt
De fièvre en ta présence
Mon petit cœur chômeur
Crève de ton absence


Brest, le 30 mai 2015

J'étais celui

J’étais celui de chaque instant
Avant de n’être plus personne
Victime de ton oubli et du temps
Coupable de trop d’automnes

J’étais celui des confidences
Et des secrets partagés
J’enrage aujourd’hui que ton silence
Ne sache pas me soulager

J’étais celui de ce temps
Qui passe sans qu'on le voie
Je deviens « l’important »
Dont tu oublies la voix

J’étais celui des mots qui portent
Qui encouragent ou qui apaisent
J’attends, derrière ta porte,
Qu’enfin mes maux se taisent

J’étais celui qui écoute
Avant que tu ne dresses
Des murs de peurs et de doutes
Entre ton cœur et mes caresses.

J’étais celui qui marche
Avant d’être celui qui tombe
Notre amour a loupé la marche
Et je suis devenu sa tombe


Finistère, 19 juin - 8 septembre 2015