mercredi 10 septembre 2014

Je veux

Je veux des portes sans verrous
Des fenêtres sans clenches
Des prisons sans écrous
Des semaines sans dimanche
Des trains sans terminus
Sur des quais sans mouchoirs
Des miles et des bonus
Pour des voyages d'un soir

Je veux des phrases sans sujet
Sans verbe ni complément
Des discours sans projet
Sans espoir ni tourment
Des pubs mensongères
Auxquelles je pourrais croire
Des haines passagères
Des tristesses dérisoires

Je veux des feux sans artifices
Pour déchirer mes nuits
Des bords de précipices
Pour tromper mon ennui
Des ivresses de fièvre
Aux gueules de bois joyeuses
Des mots du bout des lèvres
En caresses soyeuses

Surtout plus de promesses
Et plus d'amours sincères
Celles-là, je les leur laisse
Je n'en saurai que faire
Car mon amour toujours
Au fond de moi, blotti
Brûle comme au premier jour
Quand tes yeux m'ont cueilli.


Brest le 10 septembre 2014

jeudi 4 septembre 2014

"Je t'aime"

Ces maudits mots là mis à mal
Lavés de lave lacrymale
Laides anomalies car la lady
Hissa les voiles dès qu'il les dit.


Brest le 17 juillet 2014

mardi 19 août 2014

Ellipses

Désinvoltes ellipses
Pour revêtir l'avant
D'un voile qui éclipse
L'amour encore vivant.

Sourire pour effacer
le rêve ravageur
Qui avait préfacé
L'inattendue douleur

Caresses esquissées
Pour soulager la peine
Ainsi la métisser
La rendre plus humaine

Apaisants mots et gestes
Aux accents meurtriers
Et aux desseins funestes
Pour un cœur guerrier

Les rêves révolus
Cependant se nourrissent
De l'espoir absolu
Que même la fin périsse


Châteaulin, le 19 juillet 2014

samedi 9 août 2014

Marcher

Marcher jusqu'à ne plus penser
Aux faux pas qu'on a fait, aux chemins qu'on a pris
Marcher pour n'avoir à panser
Qu' écorchures, entailles et pieds meurtris

Marcher jusqu'à la délivrance
Jusqu'au sang qui cogne, jusqu'au sel qui coule
Marcher jusqu'au délire rance
Qu'au bout de ce chemin, dans tes bras, tu m'enroules

Marcher jusqu'à n'en plus pouvoir
Jusqu'à ne plus avoir même envie d'avancer
Marcher pour que le noir
Mette un terme à mes pas cadencés

Marché jusqu'au silence
De la tête, du corps et du cœur harassés
Marcher jusqu'à la danse
Des étoiles scintillant de notre amour passé.


Pointes des Espagnols et Pen Hir, le 1er août 2014

Traces

J'ai abîmé toutes tes affaires

J'ai écorné tes livres,  taché tes coussins et brûlé ta nappe ; j'ai éraflé ta portière, ébréché tes tasses et tes assiettes. J'ai cassé ton lave vaisselle, brisé ton porte savon. J'ai perdu tes clefs. J'ai laissé des traces de moi  partout dans ta vie.

Et je suis partie.

Je t'ai laissé avec le cœur écorné, tâché, brûlé, éraflé, ébréché, cassé, brisé, perdu, marqué à vie des traces de mon passage.

Pour ne jamais te quitter tout à fait.

lundi 14 juillet 2014

Champ de bataille

Je suis le champ de bataille
Que tes tourments piétinent
Subissant la mitraille
De tes larmes intestines

Je suis le témoin impuissant
Du combat que tu livres
A ces sourires, naissant
De ton envie de vivre

Je suis le champ d'honneur
Que la mort même déserte
Me laissant à l'horreur
D'être un vivant inerte

Je suis le sang qui coule
Des blessures que tu t'infliges
Je suis le mort qui roule
Au pieds de nos vestiges


Brest, le 13 juillet 2014


dimanche 13 juillet 2014

Se dire...

Se dire qu’il faut rentrer parce que plus personne ne viendra frapper à la porte du bureau. Se dire qu’il faut rentrer et se demander pourquoi faire. Prendre son temps. Parcourir tous les locaux et vérifier chaque porte, chaque fenêtre, chaque volet. Fermer la dernière porte sur une semaine de travail dont le nombre d’heures, presque doublé, a au moins permis de ne pas penser à la semaine précédente.

Rouler sans vraiment voir la route, sans entendre la radio. Se dire que les infos, de toute façon, ne parleront pas de la seule actualité qui compte.

S’arrêter au supermarché et se rendre compte qu’à bien y réfléchir, les courses effectuées la semaine dernière doivent encore attendre dans les placards et le frigo. Détourner les yeux devants l’étal des fruits et légumes, cruels symboles d’un récent souvenir. Passer devant la caissière sans parvenir à lui décocher un sourire, habituel auparavant. Traverser le hall en courbant les épaules, la tête penchée vers le caddy, pour ne pas voir les couples rire en prévision du week-end qui commence.

Rentrer chez soi, enfin, et se dire que les automatismes ont la vie dure en découvrant appartement rangé, propre, sans vie. S’asseoir et se dire que l’autre intérêt d’avoir passer tant d’heures au travail, c’est de pouvoir maintenant gagner encore quelques heures de répit sur l’absence en s’enfonçant dans un sommeil épais. Sentir cette boule au fond de la gorge, cette boule que l’on connaît bien, et s’imaginer qu’au réveil, elle aura disparu…elle aussi…

Se réveiller une heure plus tard et ressentir sa présence dès le premier instant. Etre assailli, avant d’avoir ouvert les yeux, avant même les premières lueurs transperçant l’opacité des paupières, du souvenir d’heures tendres et lascives et de son corps serré par d’autres bras.

Sortir, le soir venu, pour que le bruit et la foule se substituent au silence et au vide intérieur. Arborer le sourire de celui qui va bien, en espérant que l’alcool ne viendra pas réduire en miettes cet effort. Attendre son appel jusqu'à presque oublier qu'il ne viendra plus.

Boire, pour oublier bien sûr, et pour s’enfoncer à l’aube dans un sommeil sans rêve, satisfait de n’avoir pas à vivre un dimanche entier.

Retrouver au réveil cette boule qui semble ne plus vouloir quitter le fond de sa gorge. Sentir l’appel de son rocher du bout du monde et prendre la route. Rouler la fenêtre ouverte et la musique à fond pour rester sourd aux idées noires. Hurler face à la mer avec l’espoir que le vent, la force des vagues sauront emporter au loin sa douleur et noyer en même temps cet insigne espoir qui la nourrit.

Rentrer sans avoir pu se défaire de sa tristesse, sans qu’aucune larme n’ait pu s’échapper de la prison que la peine a construite.

Se dire que le temps réussira peut-être ce que ni le bruit et l’alcool, ni le vent et l’océan n’ont pu faire et se murer dans le silence au fil des jours et des semaines.

Dans l’espoir de lui manquer.

vendredi 11 juillet 2014

Les mêmes choses

On fait les mêmes choses.

On se lève le matin, la tête un peu plus lourde des courtes nuits. On prépare le café et on beurre les tartines qu’on ne mangera plus entièrement. On se brosse les dents devant le miroir en se regardant un peu moins pour ne pas voir les ravages de la fatigue. On s’habille avec un peu moins de recherche et de soin. On fume sa première cigarette en tête à tête avec sa dernière tasse de café.

On se met au volant de sa voiture en délaissant les infos pour des musiques sans parole. On arrive au travail où l’on revêt le masque : on répond aux « ça va ? » par les « ça va » dont on se fout. On fait bonne figure à défaut d’avoir bonne mine. On travaille, plus longtemps pour pallier aux absences passagères plus nombreuses, pour tuer les souvenirs qui assaillent chaque instant relâché. On prend ses pauses, plus courtes pour ne pas avoir à faire semblant trop longtemps.

On rentre chez soi, le soir, un peu plus tard. On n’y reste pas longtemps, juste ce qu’il faut pour reposer la crispation de son visage, torturé par le sourire forcé de la journée. On sort. On voit ses amis. On sourit. Encore. On parle, un peu moins fort. On entend sans écouter.

On rentre. Tard. Le plus tard possible. On boit un dernier verre en fumant une dernière cigarette. On va jusqu’au bout, jusqu’au bout de soi puisqu’on ne peut pas aller plus avant. On va jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la nuit sans rêve qui saura effacer les jours qui passent. Jusqu’à l’aube du jour sombre qui lèvera le voile sur l’évidence mais dont le pâle soleil ne saura éclairer que l’indécence du chagrin. On attend de n’en plus pouvoir pour céder la place au sommeil.

On se réveille. Encore. On répète les mêmes gestes matinaux. Le week-end, on range. On fait le ménage. On repasse, mécaniquement. On marche. Loin et longtemps. On attend le soir, la nuit, le matin…

On fait les mêmes choses.

Avec un peu plus.

Il y a les larmes en plus le matin, dans la journée et le soir. Ces sanglots rentrés aux hoquets douloureux. Il y a la tristesse, continuelle, avec laquelle on apprend à vivre.Il y a les regrets, lourds et pesants de ce que l’on n’a pas dit, pas fait.

Et il y a l’absence.

Cette absence, éclatante et superbe. Impudique et terrible. Cette absence qui brise les moments de répit, ressuscite la mort pour mieux poignarder l’espoir qui l’accompagne toujours. Cette absence que rien ne semble devoir estomper, mais qu’on cherche à oublier quand même… en faisant les mêmes choses.

mercredi 9 juillet 2014

Nuages

Le sang noir des nuages
Se répandait sur la nappe marine
Et mon cœur emporté par l'orage
Devenait une pierre saline


Brest, le 9 juillet 2014

mardi 15 avril 2014

L'incendie

Les couleurs de la flamme de la sous France
Sont bleues sous les coups de son intolérance
Et blanches d'une liberté qui l'acquitte
Du rouge de la honte qui -las!- la quitte.


Châteaulin le 15 avril 2014

lundi 31 mars 2014

Enceintes

(la jeune fille de l'hiver)

Le silence en peinture sur les murs de mon cœur
La couleur est choisie, dictée par la raison
Qui, d'un large pinceau, dans un élan vainqueur
Recouvre les couleurs qui paraient ma prison

Les remparts se dressent tout autour de l'arène
Où hier dansait la jeune fille de l'hiver
Menaçant de laisser le bruit des fontaines
Être seul à peupler mon futur univers

Et les mains écorchées sur les fils barbelés
Qui ceignent l'enceinte des sentiments reclus
Se cognent aux parois espérant craqueler
Cet encore léger vernis d'irrésolu


Châteaulin, le 31 mars 2014

samedi 22 mars 2014

Procession de soi

A défaut de mon cœur, je damnerai mon corps
Dans des lits aux draps éphémères et légers
Ne laissant mes lèvres ne donner leur accord
Qu'aux plaisirs de la chair... s'ils restent passagers

Je cesse sans remord de sceller sur les bouches
Les mensonges sucrés aux futurs acides
Laissant seuls mes sens et mon désir farouche
S’immiscer dans l'enfer suffocant du vide

Sur les peaux humides, libre de promesses
Je mettrai en sommeil mes peurs et mes doutes
Jusqu'aux lendemains de ces si jolies joutes

Et alors rassasié pour un temps de tendresses
Je fermerai les yeux pour éviter de voir
Saillir le regret du fond de ma mémoire


Brest, le 22 mars 2014






mercredi 19 mars 2014

Autopsie de l'absence

Poings et ventre serrés
Mais sourire de façade
Tête, cœur, éviscérés
Nerfs à vif  en barricades

Souvenir des sens
Ma peau en brûle encore
Sous le feu de l'absence
De ses mains sur mon corps

Châteaulin, le 18 mars 2014

samedi 15 mars 2014

L'horreur

Les racines de l'arbre de notre amour
Ne puisent plus dans ta terre nourricière
La force de fleurir et de donner le jour
A ce fruit qui devait devenir Lumière

Je ne le verrai pas irriguer dans tes yeux
La fierté de le voir devenir l'océan
Dont nous aurions suivi les vagues petits jeux
Donner vie patiemment à des rouleaux puissants

Je ne serai pas là, empli de tendresse
Devant ses premiers pas et ses premiers chagrins
Je ne le suivrai pas puisqu'il meurt en chemin

Je te réserverai toutes mes caresses
Espérant me noyer dans tes bras orphelins
Et oublier l'horreur du décès utérin

Brest le 15 mars 2014

lundi 10 mars 2014

Classé X

Bien calé entre tes fesses
Je sens mon impérieux désir
Se révéler à tes caresses
Vouloir gravir ces monts Désir

Mais le doute m'habite
De ne pouvoir mener au ciel
Ce joli corps qui s'agite
M'offrant pourtant chaleur et miel

En haut des marches de l'extase
Dans un grand cri de délivrance
La petite mort enfin m'écrase
Dans son relief de souffrances


Brest le 10 mars 2014

Menue du jour

Seuls mes premiers mots t'intéressent
Après, tu ne les entends plus
Après mes premières caresses
Juste après que je t'ai plu
Seul le regard que je pose
Sur ta personne t'importe
Tous ces mots qu'à mes pieds tu déposes
Je le sais, resteront lettre morte
Car tu ne vois dans mes sourires
Que tes propos qui les provoquent
Et qui te disent - ô bel avenir!
Que c'est ce soir que tu me croques

Entre les entrées, les desserts
Pourquoi toujours le même plat
Servi à la lumière
D'une chandelle qui ne dure pas?
Mais la viande que tu préfères
Ne sera pas à ton menu
Il faudra plus qu'un ou deux verres
Pour espérer me manger crue

C'est ton reflet que tu admires
Dans ces yeux que tu complimentes
Tu sembles oublier qu'on soupire
Aussi quand on se lamente
Toi, tu les entends déjà dans ton cou
Après tes futures prouesses
Espérant surtout qu'après coup
J'en oublie tes promesses
Et ton regard bientôt descend
Enivré par le rouge de la nappe
Ton sourire même en devient indécent
Tu ne me regardes plus : tu m'enduis, tu me nappes!

Et puis la carte des desserts
Tant de sucre et de miel, ça me glace
Me voilà proie entre tes serres
Et tu redoubles d'audace
Entre un genou qui se rapproche
Et une main qui m'emprisonne
Ma mise à mort te semble proche
Et tu crois que je m'abandonne
Alors j'adore quand ton sourire
Brutalement se décompose
En m'entendant seulement te dire
"T'es bien gentil mais j'ai eu ma dose!"

Brest, le 10 mars 2014

lundi 6 janvier 2014

Backstage

Au Forban
et à ses muses

Loin des boites obscures
Les muses livrent sans cliché ni tabou
A cœur ouvert et corps couverts
Des maux d'elles, des mots mis bout à bout
Et cessent de n'être que créatures
Pour redevenir êtres entrouverts
 
Dans le regard qui les révèle
Et les recrée de poses en pauses
Pas de pervers parfois cité
Mais le voile dont elles rêvent, elles
Pour habiller leurs ecchymoses
Et réveiller nos cécités


Brest, le 6 janvier 2014