lundi 31 mars 2014

Enceintes

(la jeune fille de l'hiver)

Le silence en peinture sur les murs de mon cœur
La couleur est choisie, dictée par la raison
Qui, d'un large pinceau, dans un élan vainqueur
Recouvre les couleurs qui paraient ma prison

Les remparts se dressent tout autour de l'arène
Où hier dansait la jeune fille de l'hiver
Menaçant de laisser le bruit des fontaines
Être seul à peupler mon futur univers

Et les mains écorchées sur les fils barbelés
Qui ceignent l'enceinte des sentiments reclus
Se cognent aux parois espérant craqueler
Cet encore léger vernis d'irrésolu


Châteaulin, le 31 mars 2014

samedi 22 mars 2014

Procession de soi

A défaut de mon cœur, je damnerai mon corps
Dans des lits aux draps éphémères et légers
Ne laissant mes lèvres ne donner leur accord
Qu'aux plaisirs de la chair... s'ils restent passagers

Je cesse sans remord de sceller sur les bouches
Les mensonges sucrés aux futurs acides
Laissant seuls mes sens et mon désir farouche
S’immiscer dans l'enfer suffocant du vide

Sur les peaux humides, libre de promesses
Je mettrai en sommeil mes peurs et mes doutes
Jusqu'aux lendemains de ces si jolies joutes

Et alors rassasié pour un temps de tendresses
Je fermerai les yeux pour éviter de voir
Saillir le regret du fond de ma mémoire


Brest, le 22 mars 2014






mercredi 19 mars 2014

Autopsie de l'absence

Poings et ventre serrés
Mais sourire de façade
Tête, cœur, éviscérés
Nerfs à vif  en barricades

Souvenir des sens
Ma peau en brûle encore
Sous le feu de l'absence
De ses mains sur mon corps

Châteaulin, le 18 mars 2014

samedi 15 mars 2014

L'horreur

Les racines de l'arbre de notre amour
Ne puisent plus dans ta terre nourricière
La force de fleurir et de donner le jour
A ce fruit qui devait devenir Lumière

Je ne le verrai pas irriguer dans tes yeux
La fierté de le voir devenir l'océan
Dont nous aurions suivi les vagues petits jeux
Donner vie patiemment à des rouleaux puissants

Je ne serai pas là, empli de tendresse
Devant ses premiers pas et ses premiers chagrins
Je ne le suivrai pas puisqu'il meurt en chemin

Je te réserverai toutes mes caresses
Espérant me noyer dans tes bras orphelins
Et oublier l'horreur du décès utérin

Brest le 15 mars 2014

lundi 10 mars 2014

Classé X

Bien calé entre tes fesses
Je sens mon impérieux désir
Se révéler à tes caresses
Vouloir gravir ces monts Désir

Mais le doute m'habite
De ne pouvoir mener au ciel
Ce joli corps qui s'agite
M'offrant pourtant chaleur et miel

En haut des marches de l'extase
Dans un grand cri de délivrance
La petite mort enfin m'écrase
Dans son relief de souffrances


Brest le 10 mars 2014

Menue du jour

Seuls mes premiers mots t'intéressent
Après, tu ne les entends plus
Après mes premières caresses
Juste après que je t'ai plu
Seul le regard que je pose
Sur ta personne t'importe
Tous ces mots qu'à mes pieds tu déposes
Je le sais, resteront lettre morte
Car tu ne vois dans mes sourires
Que tes propos qui les provoquent
Et qui te disent - ô bel avenir!
Que c'est ce soir que tu me croques

Entre les entrées, les desserts
Pourquoi toujours le même plat
Servi à la lumière
D'une chandelle qui ne dure pas?
Mais la viande que tu préfères
Ne sera pas à ton menu
Il faudra plus qu'un ou deux verres
Pour espérer me manger crue

C'est ton reflet que tu admires
Dans ces yeux que tu complimentes
Tu sembles oublier qu'on soupire
Aussi quand on se lamente
Toi, tu les entends déjà dans ton cou
Après tes futures prouesses
Espérant surtout qu'après coup
J'en oublie tes promesses
Et ton regard bientôt descend
Enivré par le rouge de la nappe
Ton sourire même en devient indécent
Tu ne me regardes plus : tu m'enduis, tu me nappes!

Et puis la carte des desserts
Tant de sucre et de miel, ça me glace
Me voilà proie entre tes serres
Et tu redoubles d'audace
Entre un genou qui se rapproche
Et une main qui m'emprisonne
Ma mise à mort te semble proche
Et tu crois que je m'abandonne
Alors j'adore quand ton sourire
Brutalement se décompose
En m'entendant seulement te dire
"T'es bien gentil mais j'ai eu ma dose!"

Brest, le 10 mars 2014